Eddy

Une performance de Stéphane Vecchione

La performance intitulée  Eddy est une version plus narrative et plus baroque que celle expérimentée dans Solo. Il s’agit ici à nouveau d’interroger le rapport du musicien et de son instrument. Mais cette fois le musicien a une histoire, une personnalité qui se révèle par le costume qu’il porte, sa coiffure, sa manière de se tenir, son apparence. Il se confronte de manière à la fois burlesque, savante ou virtuose à son instrument.

Il s’agit aussi d’une suite d’images, suite de pièces brèves, qui peuvent s’enchaîner et dessiner une sorte de fil narratif – celui de l’évolution d’un instrument, l’évolution de la mode, le changement des poses et des postures, des manières de jouer, des styles vestimentaires et musicaux: passer du blues au jazz, du free jazz au rock, ou encore du pop au metal, etc. Le musicien se métamorphose, il change de style, il change de look. Il est multiple.  Eddy montre comment, par le geste, la posture, le rythme, une musique naît.

Le batteur est sans doute le musicien qui fait le plus corps avec son instrument. Il garde une sorte  de proximité presque animale avec la rythmique, il est fascinant à regarder car il bouge autant les bras, les jambes, que la tête. Il provoque l’admiration, il peut ici déclencher aussi le rire bien sûr.

On voit donc le personnage endosser tour à tour une série de costumes, une série de styles, de tics, de traits singuliers et uniques : à travers ce processus il produit chez le spectateur des effets de reconnaissance, des souvenirs. Il raconte le fantasme, il joue sur toutes sortes de phénomènes de projections.

Le personnage gagne en consistance au fil des solos, et devient Eddy : un personnage complètement dingue de son instrument. Un expérimentateur, un bonimenteur, un fétichiste, un excentrique, qui ne vit que par et pour sa batterie. C’est l’histoire d’un homme et d’un instrument. L’histoire d’un homme qui raconte tous les possibles de la batterie et de ses joueurs. L’histoire d’un homme sans histoires : un homme dont on ne sait rien, si ce n’est qu’il est et devient ce qu’il joue. Un transformiste, un joueur, un caméléon.

Le projet convient bien pour une durée plus longue : une narration peut se créer au fil des images, des personnages, des styles musicaux.

Développement logiciel: Filippo Gonteri

Dramaturgie: Claire de Ribaupierre

Costume: Karine Dubois